31 octobre 2000
Quarante-huit heures après l'interpellation du chauffard
qui avait renversé, sur la Canebière, un piéton, blessé
un policier et embouti plusieurs voitures et une ambulance (lire La Provence
de dimanche et lundi), les enquêteurs de la brigade criminelle du SRPJ
de Marseille commencent à mieux cerner la personnalité du suspect.
Joseph Martinez, né le 25 août 1959 à Ollioules dans le
Var, est un récidiviste.
Dans des conditions quasi similaires et pour des motivations a priori semblables,
en 1993 à Salon, il avait déjà volontairement renversé
plusieurs piétons. L'un d'eux avait été grièvement
blessé et deux autres touchés plus superficiellement. Reconnu
dément, Martinez ne sera pas jugé. Et ne connaîtra pas la
prison. Il fera néanmoins l'objet d'un suivi et sera interné en
milieu spécialisé, avant de recouvrer la liberté.
Samedi après-midi, sur la Canebière, à bord de sa 106 rouge,
soudainement animé par une pulsion ancienne, il a tenté à
nouveau "de se faire", selon ses déclarations, "un Arabe".
Mais de l'avis même de policiers et de médecins qui l'ont approché,
"cet acte bien que prémédité ne serait pas à
proprement parler de nature raciste". "Les extra-terrestres ont investi
la police" "L'homme était surtout guidé par sa folie",
souligne un fonctionnaire de la Brigade anticriminalité (Bac) centre.
"Son interpellation a été plus que mouvementée. Bien
que touché au bas du dos, sérieusement blessé, il s'est
débattu comme un lion et ne semblait pas sentir la douleur. Nous avons
eu un mal fou à le contenir. Il hurlait que les extra-terrestres étaient
sur Terre; qu'ils avaient investi la police et qu'ils menaçaient la planète
entière".
Depuis quelque temps, Joseph Martinez, invalide à 80%, vivait seul, à
Salon, dans une cité populaire: seul dans une pièce sens dessus
dessous de quelques mètres carrés avec comme tout mobilier, un
sommier et une télévision. Il avait quitté sa mère
tout récemment. Et ses relations tendues avec le voisinage s'étaient
exacerbées ces derniers mois. Plusieurs plaintes de riverains, transmises
aux policiers du quartier, attestent de ses mouvements d'humeur incontrôlés
et de ses violents accès de colère. On ne lui connaît toutefois
aucune sensibilité politique extrémiste.
Une mise en examen notifiée Hier, en fin de matinée, une information
judiciaire pour tentatives d'homicides volontaires sur deux piétons et
deux policiers a été ouverte contre Joseph Martinez. Laetitia
Ugolini, juge d'instruction, s'est transportée à l'hôpital
Nord avec son greffier pour lui notifier la mise en examen. Elle était
accompagnée d'un substitut du procureur qui a requis un mandat de dépôt.
Côté enquête, s'agissant du policier blessé à
la jambe auteur de plusieurs coups de feu, coincé entre le véhicule
fou qui avait engagé une violente marche arrière et un camion
des marins pompiers à l'arrêt, la légitime défense
a été établie par le parquet de Marseille. Parallèlement,
de source proche de l'enquête, on indique que le casier judiciaire de
Joseph Martinez était vierge.
Enfin, bien que blessé, l'homme surexcité qui a été
admis aux urgences de l'hôpital nord sous bonne escorte dès samedi
soir, a semé le trouble dans les étages de l'établissement
hospitalier, refusant les soins, insultant les infirmières et menaçant
à la volée.
Source :
http://www.laprovence-presse.fr/actu/articles/2act0000a.html